L’énergie nucléaire est sur le point de connaître une année historique en 2025. Selon plusieurs rapports de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), la production d’électricité d’origine nucléaire atteindra des niveaux inégalés, confirmant le rôle central de cette source énergétique dans la transition énergétique mondiale. Voici une analyse détaillée des enjeux, des chiffres clés et des perspectives.
Une montée en puissance historique
En 2025, la production mondiale d’électricité nucléaire devrait atteindre 2 900 TWh, surpassant les 2 742 TWh de 2023 et les 2 843 TWh attendus en 2024. Cette augmentation s’inscrit dans un contexte de forte demande en énergie décarbonée, marquée par l’électrification croissante des secteurs industriels, des transports et des technologies numériques.
Le directeur exécutif de l’AIE, Fatih Birol, souligne : « Nous entrons dans une nouvelle ère pour l’énergie nucléaire », évoquant un rebond après les ralentissements consécutifs à l’accident de Fukushima en 2011. Les nouveaux usages, tels que les centres de données et les véhicules électriques, dopent la demande en électricité d’origine nucléaire.
Tableau : Production mondiale d’électricité nucléaire (TWh)
Année | Production (TWh) |
---|---|
2023 | 2 742 |
2024 | 2 843 |
2025 | 2 900 (estimé) |
Une transformation géographique et technologique
Leadership chinois
La Chine, avec sa cadence de construction élevée, est en passe de devenir la première puissance nucléaire mondiale d’ici 2030. Sur les 52 réacteurs construits depuis 2017, 25 sont de conception chinoise, reflétant une domination croissante sur ce marché. Cette dynamique se traduit également par des investissements massifs dans les technologies nucléaires, notamment les petits réacteurs modulaires (SMR), qui révolutionnent le secteur.
Défis pour les pays occidentaux
En revanche, des pays comme la France et les États-Unis marquent le pas. Les projets de réacteurs de nouvelle génération (EPR) sont confrontés à des coûts élevés et des retards importants. Ces difficultés contrastent avec l’agilité des acteurs chinois et russes, qui dominent désormais les constructions et les technologies associées.
Les petits réacteurs modulaires (SMR) : un avenir prometteur
Les petits réacteurs modulaires (SMR), destinés à des usages spécifiques comme l’alimentation des sites industriels ou des centres de données, pourraient transformer le paysage énergétique. Actuellement, environ 80 designs de SMR sont en développement, certains proches de la commercialisation. Ces réacteurs offrent des solutions flexibles et adaptées aux besoins énergétiques croissants, notamment dans le cadre de l’intelligence artificielle.
Une filière stratégique pour la décarbonation
Depuis 1971, l’énergie nucléaire a permis d’éviter l’émission de 72 gigatonnes de CO₂, en substituant des énergies fossiles comme le charbon et le pétrole. Cette contribution place le nucléaire parmi les piliers de la lutte contre le changement climatique, bien qu’il ne représente actuellement que 9 % du mix énergétique mondial.
Enjeux liés à l’approvisionnement
Un autre défi majeur réside dans la concentration des capacités d’enrichissement d’uranium. Plus de 99 % de ces capacités sont réparties entre quatre acteurs principaux : le russe Rosatom (40 %), le consortium Urenco (33 %), la China National Nuclear Corporation (15 %) et le français Orano (12 %). Cette concentration soulève des questions stratégiques sur l’indépendance énergétique.
Perspectives pour 2030 et au-delà
Les projections de l’AIE indiquent que les investissements annuels dans le secteur nucléaire pourraient atteindre 150 milliards de dollars d’ici 2030. Cela permettrait une augmentation de 1 000 GW de puissance installée à l’échelle mondiale d’ici 2050. Ce scénario repose toutefois sur des politiques énergétiques ambitieuses et un soutien accru des gouvernements et des investisseurs privés.
L’année 2025 s’annonce comme un tournant pour l’énergie nucléaire, entre croissance historique, défis technologiques et nouvelles opportunités. Cette source d’énergie, longtemps controversée, semble retrouver une place centrale dans la transition énergétique mondiale. Reste à savoir si les ambitions actuelles pourront être concrétisées à l’échelle planétaire.